NGC 2023 : Une nébuleuse par réflexion au cœur du complexe d’Orion
Située à environ 1460 années-lumière dans la constellation d’Orion, NGC 2023 est une nébuleuse par réflexion relativement brillante, souvent éclipsée par la célèbre Tête de Cheval (Barnard 33) à proximité immédiate. Pourtant, pour l’astrophotographe comme pour l’astrophysicien, elle représente une cible fascinante par sa richesse spectrale, sa structure fine et son environnement dynamique.

Nature et composition
NGC 2023 appartient à la classe des nébuleuses par réflexion, c’est-à-dire des nébuleuses dont la lumière provient essentiellement de l’étoile centrale HD 37903, diffusée par les grains de poussière interstellaire. Contrairement aux nébuleuses en émission, on n’y observe que peu ou pas d’ionisation. La poussière y est composée principalement de silicates amorphes et de composés carbonés, dont des PAH (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques), identifiés via leur émission caractéristique dans l’infrarouge moyen.
Des études spectroscopiques ont également mis en évidence des signatures du monoxyde de carbone (CO), du C+ (ligne fine à 158 μm), et de l’H₂ moléculaire, soulignant la transition entre milieux ionisé, atomique et moléculaire typique des régions photodissociées (PDR).
Taille apparente et dimensions physiques
- Taille angulaire : environ 6’ x 4’ (minutes d’arc), soit légèrement plus petite que la Pleine Lune.
- Dimension réelle : environ 1,3 année-lumière de diamètre, avec des extensions diffuses s’étendant sur près de 3 années-lumière dans l’infrarouge et la bande Hα.
- La structure est asymétrique, avec un cœur plus dense vers l’étoile centrale et des volutes de poussière qui s’étendent vers le nord-est.
Un objet illuminé par une étoile B
NGC 2023 est illuminée par HD 37903, une étoile de type spectral B1.5V, jeune et massive. Son rayonnement ultraviolet intense ne suffit pas à ioniser l’hydrogène environnant (comme c’est le cas pour une nébuleuse en émission), mais il est assez énergétique pour exciter les grains de poussière qui diffusent la lumière incidente par diffusion de Rayleigh, donnant à la nébuleuse son éclat bleuté caractéristique.
Une région photodissociée (PDR) bien étudiée
Ce qui rend NGC 2023 particulièrement intéressante pour la recherche, c’est sa zone de photodissociation (PDR), où le rayonnement UV détruit les molécules mais n’ionise pas complètement les atomes. Cette interface entre gaz moléculaire froid et gaz partiellement ionisé a fait l’objet de nombreuses études en infrarouge (Spitzer, Herschel) et en submillimétrique (ALMA), mettant en évidence la richesse chimique et dynamique du nuage.
Intérêt pour l’astrophotographe
Pour les amateurs de SHO (Hubble Palette) ou LRGB, NGC 2023 offre une opportunité unique de capturer à la fois une nébuleuse par réflexion et les filaments Hα de IC 434, la nébuleuse en émission voisine. Son positionnement près de la Ceinture d’Orion permet de composer des champs larges très esthétiques incluant Alnitak, la Flamme (NGC 2024), Barnard 33, et NGC 2023.
Malgré la faible réponse des filtres Hα et [S II] dans la nébuleuse elle-même (liée à sa nature de réflexion), on note un signal Hα diffus en arrière-plan et dans les régions adjacentes, ce qui enrichit les compositions multi-bandes.

Images réalisées à Fregenal de la sierra en Espagne avec une lunette Takahashi TOA130, une caméra Moravian G3 16200 le tout installé sur une monture EQ8 du 19/01/2025 au 04/02/2025
| Filtres | Nbre de poses | Temps de pose | Temps total | T° caméra |
|---|---|---|---|---|
| Rouge | 30 | 5 mn | 2h30mn | -10° |
| Vert | 20 | 5 mn | 1h40mn | -10° |
| Bleu | 22 | 5 mn | 1h50mn | -10° |
| Ha | 55 | 5 mn | 4h35mn | -10° |
| Totaux | 127 | 10h35mn |
Conclusion
NGC 2023 est un joyau discret du ciel d’hiver, où science et esthétique convergent. Elle invite à une exploration fine des frontières entre lumière, poussière et gaz, dans une région du ciel à la fois surchargée et profondément structurée.