NGC 506… ou plutôt le groupe de NGC 507 : une plongée dans un nœud de la Perseus–Pisces

Image et acquisition
- Instrument : Astrosib 400 mm sur monture Astro-Physics GT1600
- Caméra : Moravian G4-9000 (−10 °C) – guidage ASI 1600 MM sous PHD2
- Acquisition : 56 poses de 5 min (LRVB) du 03/10/2016 au 06/10/2016
- Traitement : PixInsight (flux LRVB classique : calibration, enregistrement, intégration, extraction du gradient, renforcement doux des faibles signaux et équilibrage chromatique)
L’image révèle un champ surdensitaire en galaxies, dominé au centre par un duo nébuleux entouré d’une myriade d’elliptiques et de spirales vues sous tous les angles. La diffraction marquée d’une étoile brillante (à droite du centre) contribue à la dynamique esthétique sans masquer les détails de bas niveau de surface.
Note de nomenclature. Le label « NGC 506 » induit souvent en erreur : NGC 506 n’est pas une galaxie mais une étoile du secteur des Poissons, enregistrée par L. Parsons en 1874. Le riche champ que l’on photographie ici est en réalité centré sur NGC 507 et son groupe de galaxies associé. (Wikipédia)
Que voit-on exactement ?
- NGC 507 (au centre-gauche de l’image, vaste halo diffus) est une galaxie lenticulaire (SA0). Sa compagne très proche NGC 508 est accolée dans le même halo. L’ensemble fait partie d’un groupe de galaxies compact où l’on compte notamment NGC 499, NGC 504, NGC 510, etc. (Wikipédia)
- Le groupe NGC 507/499 s’inscrit dans le complexe de Pisces, intégré à la superamas Perseus–Pisces ; il montre des signatures d’interaction et de fusion de sous-groupes (un pic X associé à NGC 499 à ~14′ au NW). (Chandra X-ray Center)
Caractéristiques physiques clés (ordre de grandeur)
- Décalage spectral de NGC 507 : z ≈ 0,01646 → v ≈ 4930 km/s, soit une distance de Hubble ~70 Mpc ≈ 230 millions a.l. (H₀≈70). À cette distance, 1′ ≈ 20,4 kpc. (Wikipédia)
- Taille : le diamètre photométrique de NGC 507 est ~3,1′, ce qui correspond à ~60–65 kpc (population stellaire dominante ancienne, halo diffus étendu). (arXiv)
- Constitution / milieu : NGC 507 est entourée d’un halo de gaz chaud (rayons X) riche en métaux (abondances supra-solaires mesurées), structuré par des bulles et discontinuités créées par l’activité du noyau (AGN) et par le slosh du gaz à l’échelle du groupe. (arXiv)
- Origine et évolution : les observations X (ROSAT, Chandra, XMM) indiquent que
- le gaz intra-groupe trace le potentiel de matière noire à grande échelle ;
- l’activité passée de l’AGN a injecté du plasma relativiste maintenant remanié par les mouvements du gaz (slosh) — l’un des cas les plus clairs connus dans un groupe.
Ces signatures appuient un scénario d’interactions et de fusion de sous-groupes (NGC 507 ↔ NGC 499), avec enrichissement du gaz par SN Ia/II. (arXiv)
Lecture “astrophoto” de l’image
- Faible brillance de surface : le halo externe de NGC 507 tombe sous ~26–27 mag/arcsec² ; l’ intégration de 4 h 40 en LRVB et la douceur des masques au traitement préservent précisément ces gradients — un point souvent perdu dans des accentuations trop agressives.
- Champ riche : en inspectant l’image, on distingue des spirales vues par la tranche (bandes d’absorption fines), des naines diffuses, et de nombreuses galaxies lenticulaires/elliptiques sans bras, caractéristiques d’un environnement dense où les gaz froids ont été appauvris par les interactions.
- Colorimétrie : le LRVB restitue bien le bleu timide des disques résiduels et le jaune des populations vieilles du bulbe/halo, tandis que les étoiles de premier plan montrent un spectre plus divers (bleu-blanc à jaune) — utile pour caler la balance des couleurs photométriquement.
- Guidage / seeing : les étoiles rondes et la finesse des bras des petites spirales font suite à un suivi rigoureux (ASI1600MM + PHD2) et à un traitement de déconvolution maîtrisé.
Pourquoi cet objet est passionnant
Le groupe de NGC 507 offre dans un même champ :
1 – une galaxie dominante (BCG) lenticulaire à halo X spectaculaire,
2 – des traces d’activité nucléaire passée (cavités/bulles, radio-reliques),
3 – une dynamique de groupe en fusion avec NGC 499,
4 – une fenêtre directe sur la physique du gaz chaud (mélange, enrichissement, rétroaction AGN).
C’est un terrain de jeu idéal pour les amateurs voulant confronter morphologie optique et physique du milieu . (arXiv)

Sur la pose annotée, j’ai forcé sur les couleurs pour faire apparaitre des détails dans l’objet situé en dessous de NGC 503 et repéré par des ????. Il n’est pas signalé dans les catalogues UCAC4, PGC, IC,.. et Aladin n’en n’a pas la trace non plus.
Galaxie, nébuleuse, ..? si vous trouvez , dites le moi
Plus de poses aurait été utile, mais le télescope se trouve maintenant à 450km de chez moi et il n’est pas automatisé comme la lunette TOA 130 basée en Espagne.
Photos de réalisées entre le 03/10/2016 et le 06/10/2016
| Filtres | Nbre de poses | Temps de pose | Temps total | T° caméra |
|---|---|---|---|---|
| Rouge | 8 | 5 mn | 40mn | -10° |
| Vert | 8 | 5 mn | 40mn | -10° |
| Bleu | 8 | 5 mn | 40mn | -10° |
| Luminance | 32 | 5 mn | 2h40 | -10° |
| Totaux | 56 | 4 heures 40mn |
Références (sélection)
- NGC 506 = étoile (Poissons) : notices NGC/SEDS & Wikipedia. (Wikipédia)
- NGC 507 (lenticulaire), z, dimensions : fiches FR/EN & XMM (échelle angulaire). (Wikipédia)
- Halo X, abondances, rétroaction AGN : ROSAT/Chandra/XMM. (arXiv)
- Contexte de groupe, fusion avec NGC 499 : Galaxy Atlas (CFA) & littérature récente. (Chandra X-ray Center)